Projet de Naissance

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Comment se préparer à une naissance respectée, avec Sophie Lavois, spécialiste des choix et droits en périnatalité depuis 1999.


L'accueil du nouveau-né

Publié par Sophie Gamelin-Lavois sur 24 Août 2008, 10:14am

Catégories : #Protocoles médicaux

Recommandations pour l’accueil du nouveau-né en salle de naissance

1. La désobstruction des voies aériennes supérieures n’est pas impérative, mais elle doit être systématique en cas de :

Traitement maternel par psychotropes, notamment benzodiazépines ; Toxicomanie maternelle ; Souffrance fœtale aiguë et toutes anomalies du rythme cardiaque fœtal ; Analgésiques en peri-partum (Nubain, Dolosal…) ; Liquide amniotique teinté ; Césarienne ; Terme inférieur à 39 semaines d’aménorrhée ; Difficultés d’adaptation à la vie extra-utérine ; Encombrement important ; Hypotonie importante même si adaptation cardiorespiratoire satisfaisante.

Quand elle est nécessaire, la désobstruction des voies aériennes supérieures peut se limiter à une désobstruction de la cavité buccale (la stimulation pharyngée provoque un réflexe vagal) et de la partie antérieure des fosses nasales. L’atrésie des choanes est exceptionnelle et quand elle est bilatérale elle se manifeste toujours par d’importantes difficultés respiratoires. La vérification de la perméabilité des choanes n’est donc pas urgente, et pourra être pratiquée en même temps que le premier examen pédiatrique en maternité afin de ne pas passer à côté d’une atrésie unilatérale. Il est impératif de noter dans le dossier si elle a été ou non pratiquée afin de ne pas la refaire inutilement.

2. L’aspiration gastrique ne doit pas être pratiquée de façon systématique :
 
Très désagréable pour le nouveau-né, elle perturbe la séquence comportementale qui l’amène à prendre le sein spontanément et peut induire des lésions œsophagiennes.

Elle doit être réservée : aux suspicions d’atrésie de l’œsophage (1/5000 naissances) : diagnostic anténatal évocateur, hydramnios, hypersalivation ; aux nouveau-nés pour lesquels il n’y a pas eu de suivi prénatal et donc pas d’échographie de dépistage ; nécessité de prélèvement gastrique pour diagnostic bactériologique : liquide amniotique teinté, suspicion d’infection materno-fœtale.

Si l’aspiration gastrique simple ne permet pas d’affirmer sans ambiguïté la perméabilité de l’œsophage, elle doit être complétée par un test à la seringue.

3. Dès que possible :
 
Poser le nouveau-né soigneusement essuyé en peau à peau à plat ventre sur sa mère. Le recouvrir d’un lange chand pas trop serré et d’un bonnet : son visage doit rester visible et son nez bien dégagé. Veiller à maintenir une température suffisante en salle de naissance. Vérifier régulièrement l’état du nouveau-né (activité, couleur) + + +. Quand le nouveau-né montre qu’il est prêt, aider la mère et le bébé pour la première tétée, ou lui proposer le biberon. Faire les soins de routine après : prise de température, pesée, soins de cordon, instillation de collyre, vitamine K, habillage. Ne pas donner de bain

4. Pour les césariennes :
 
Proposer le contact peau à peau avec le père jusqu’à ce que la mère soit disponible.

La désobstruction des voies aériennes et la vérification de la perméabilité des choanes et de l’œsophage doivent être pratiquées sur des critères individuels et pas nécessairement de façon systématique. Dans une étude randomisée de 40 nouveau-nés à terme, vigoureux et nés par voie basse, Estol a montré que les résultats des paramètres de mécanisme respiratoire ne procurent pas de base physiologique pour recommander la pratique systématique d’une désobstruction des voies aériennes. Carrasco, dans une étude similaire de 30 nouveau-nés, a également montré que la saturation en O2 était significativement plus basse dans le groupe de nouveau-nés soumis à une aspiration oro-naso-pharyngée. D’ailleurs, les recommandations de la conférence de consensus de l’ILCOR « An advisory statement from the Pediatric Working Group of the International Liaison Committee on Ressuscitation » (1999, 1037) sont que « les nouveau-nés bien portants et vigoureux n’ont généralement pas besoin d’être aspirés après l’accouchement ».
 
Les soins de routine ne sont pas urgents et peuvent facilement être différés : la pesée, les soins de cordon, le bain (qui favorise l’hypothermie et prive le nouveau-né d’un repère olfactif), l’instillation de collyre (qui peut perturber le contact visuel mère-enfant), l’administration de vitamine K, la prise de température et l’habillage seront effectués après une période de contact prolongée et ininterrompue si possible jusqu’à ce que le nouveau-né montre qu’il est prêt à téter ; on pourra alors l’aider à prendre le sein ou lui proposer son premier biberon et faire les soins de routine après. Il est également souhaitable de maintenir une atmosphère tranquille en salle de naissance en évitant notamment le bruit, la lumière vive et les allées et venues non indispensables.

Il est délicat d’établir des recommandations précises quant au moment du premier contact et quant à sa durée car ils varieront selon les circonstances : l’établissement du contact doit être le plus précoce possible et se poursuivre jusqu’à ce que le nouveau-né montre qu’il est disposé à téter, ce qui se produit généralement dans l’heure qui suit la naissance, mais parfois aussi à n’importe quel moment durant les 2 premières heures, voire plus tard. La quatrième condition de l’IHAB : « aider les mères à allaiter dans la demi-heure suivant la naissance » n’implique pas nécessairement que le nouveau-né doit téter dans la demi-heure suivant sa naissance, mais plutôt qu’il ne soit pas séparé de sa mère sauf en cas de raison médicalement justifiée ; cette condition doit être interprétée comme une incitation à privilégier le contact précoce mère-bébé en peau à peau dès la naissance. Les nombreux avantages du contact précoce et prolongé impliquent aussi qu’il peut s’appliquer à tous les bébés, même non allaités.

Si laisser la mère, le père et le nouveau-né tranquilles à ce moment particulièrement important pour eux peut être difficile pour le personnel soignant habitué à des routines impliquant sa participation active, il faut absolument veiller à ne pas négliger la surveillance du nouveau-né et de la mère. On peut se préoccuper du bien-être du nouveau-né tout en prêtant attention à sa sécurité physiologique ; cela n’a rien de contradictoire.

G. Gremmo-Féger, Pédiatre, IBCLC
Service de Gynécologie-Obstétrique, CHU de Brest
Publié dans Les Dossierrs de l'Allaitement n° 51, LLL France 2002.
Lire l'article complet sur le site de La leche League


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