Projet de Naissance

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Comment se préparer à une naissance respectée, avec Sophie Lavois, spécialiste des choix et droits en périnatalité depuis 1999.


La naissance de Cécile

Publié par Sophie Gamelin-Lavois sur 22 Avril 2009, 19:26pm

Catégories : #Récits de naissances


Bonjour, je me décide enfin à écrire mon propre témoignage après avoir découvert votre site depuis quelques semaines. J'ai 29 ans et je suis enceinte de mon deuxième enfant (3 mois environ). Cécile est née le 14/08/2003 dans notre voiture... Mais reprenons du début.

Lorsque j'ai su que j'étais enceinte au début de l'année 2003, je me suis rendue tout naturellement chez mon gynécologue qui après 1h d'attente m'a reçu en 10mn et a fini par me dire : " On se revoit dans un mois pour la déclaration de grossesse ". Je n'ai eu aucune réponse à mes questions, non, en, fait je n'ai même pas eu le temps de pouvoir me poser des questions. L'examen avait été désagréable. J'ai tout de suite su que je ne voulais plus qu'on me touche ni que l'on me traite de cette manière. J'ai finalement contacté une sage-femme libérale: S...

S... a suivi ma grossesse dans le respect de mon corps et de ma dignité. Elle a été et est toujours comme une vraie amie. Les cours de préparation à l'accouchement ont été un vrai plaisir. Malheureusement, elle ne souhaitait plus effectuer d'accouchement à domicile. Elle m'a donc orientée vers la maternité de Pertuis (84) à 1h de route de mon domicile, petite maternité qui assiste les accouchements le plus naturellement possible.

Mes premières contractions ont commencé le 13/08 vers 19h00. J'avais des amis au repas et essayais de contenir ma respiration... Dans la soirée, après qu'ils soient partis, je suis montée à l'étage dans notre chambre, dans l'obscurité. J'ai dit à Richard, mon compagnon, que le travail commençait.

J'ai eu des contractions toute la nuit, je ne les ai pas comptées. Simplement, j'ai suivi les conseils de ma sage-femme comme une bonne élève. Je respirais, me détendais entre chaque contraction et dans l'intimité de ma chambre, j'ai laissé mon corps prendre les positions qu'il souhaitait. Avec l'aide de Richard qui m'a préparé le bain, je me mettais dans la baignoire dès que je ne supportais plus les douleurs. Quel bien immense c'était malgré la difficulté à entrer et sortir du bain...

Vers 5h du matin, j'ai perdu du sang et les contractions devenaient si intenses que je me demandais comment j'allais pouvoir descendre les escaliers. J'ai prévenu Richard qu'il était temps de partir à la maternité. Mais, il a pris son temps : une douche, un café, persuadé que comme le font souvent les primipares c'était trop tôt (il a vécu l'accouchement de sa première femme conne étant très très long).

Je ne sais pas quelle est la force qui m'a permis de descendre les escaliers et de m'allonger sur la banquette arrière de notre voiture, sur le côté (notre voiture n'a que 2 portes)... J'ai demandé à Richard de me mettre un CD de relaxation et je me suis de nouveau laissée aller... Je ne pensais qu'à une chose : respirer et aider le bébé à descendre (je le rassurais dans ma tête et me rassurais du même coup).

A aucun moment je n'ai eu peur. J'ai perdu les eaux dans la voiture à 1/4 d'heure de Pertuis. Mais, comme le travail s'intensifiait, je me suis mise à crier. Je sentais que le bébé arrivait. J'entends encore Richard me dire, toujours très pragmatique: " allez courage, ce n'est que le début, si tu commences à crier maintenant... " Je lui ai répondu que le bébé arrivait. Il a tourné la tête et là, devant le spectacle auquel il ne voulait pas assister de si près, a perdu les pédales.... Il a du mettre 10mn à trouver la maternité, s'est arrêté deux fois demander son chemin en hurlant: " ma femme va accoucher, vite "....

Je pensais intérieurement qu'il était vraiment pénible de tout le temps parler car de toute façon je ne pouvais pas lui répondre et le maudissais de pas trouver le chemin de l'hôpital... J'ai mis ma main entre mes cuisses et j'ai senti la tête du bébé. Dans la position où j'étais et vu l'étroitesse de la banquette arrière, je ne pouvais pas l'attraper. J'ai alors dit à Richard qu'il fallait qu'il m'aide et sorte le bébé.

Il a arrêté la voiture, ô miracle, sur le parking de la laverie de l'hôpital (côté travaux car toute cette partie était en réfection mais bon, je n'y croyais plus) et a sorti notre enfant, complètement paniqué, en criant et répétant que le bébé était tout bleu et qu'il lui fallait un couteau pour le cordon..., devant les applaudissements et les conseils des ouvriers en bâtiment (" il faut lui donner une tape ")… Devant le nombre incalculable de personnes qui auront vu mes fesses ce jour là, j'avoue aujourd'hui ne plus avoir aucune pudeur...

M'inquiétant de ce que Richard allait faire avec cet enfant dans les mains, je lui ai vite réclamé le bébé et l'ai mis contre moi. Nous n'avons même pas pensé à regarder si c'était une fille ou un garçon ! Ensuite, les sages-femmes sont arrivées avec un brancard et nous ont tous transportés en maternité. J'étais dans les vaps aussi je n'ai que peu de souvenirs de ces moments si ce n'est notre émotion d'avoir mis Cécile (car c'était bien une fille) au monde tous les deux...

Cécile faisait 4kg070 et 50 cm : un bébé en pleine santé que j'ai vite mis au sein. Quant à moi, j'ai eu une petite déchirure mais rien de bien méchant et la délivrance du placenta s'est passé sans douleur ni problème. De toute façon, j'étais crevée et j'avais faim. Les sages-femmes ont donné un déjeuner à Richard pour qu'il se remette mais pas à moi, le temps des soins...

Bref mon premier accouchement a été génial. J'ai tout de suite su que je souhaitais revivre un moment aussi intense. Richard a vécu un moment extraordinaire et moi, je me suis révélée en tant que mère. Pour le deuxième enfant , ma sage-femme m'accouchera à la maison... ce sera moins risqué que de prendre la voiture. Mais, même si je devais aller à l'hôpital je ne me laisserai pas faire...

Aujourd'hui je n'ai qu'un conseil à donner: il faut se faire confiance car la nature a bien fait les choses et une femme sait accoucher. Il faut écouter son corps, c'est nous qui accouchons et non les médecins qui nous accouchent. L'accouchement est un moment merveilleux, pas sans douleurs mais ce sont des douleurs utiles.

Lise Tharaud, février 2005.
lise.tharaud(arobase)agriculture.gouv.fr
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