Projet de Naissance

Projet de Naissance

Comment se préparer à une naissance respectée, avec Sophie Lavois, spécialiste des choix et droits en périnatalité depuis 1999.


Plagiat déguisé : la vérité !


ou les méthodes douteuses de deux journalistes en vogue...


Attendre bébé autrement
Catherine Piraut-Rouet & Emmanuelle Sampers-Gendre
Ed. La Plage, octobre 2008.

"Attendre bébé autrement" est certes un ouvrage d'envergure puisqu'il aborde de nombreux aspects de la maternité tel le fameux et très connu livre de Laurence Pernoud, mais en plus moderne. Mon intérêt pour ce livre a pourtant des limites puisque j'ai remarqué au détour des pages quelques plagiats inacceptables. Je ne doute pas que les auteurs, deux journalistes parentales (voir la page "Qui sommes-nous ?" sur le blog du livre), aient effectué un énorme travail pour recueillir de nombreuses informations, interviews et témoignages pour écrire leur livre. Il n'en reste pas moins que plusieurs passages ne sont pas de leurs plumes bien qu'elles le laissent penser au lecteur : oubli de guillemets de citations, copie de phrases à peine recomposées ou camouflées, idées piquées et non "rendues à César"... Je suis assez choquée de cette manière de faire. Parce que je déteste l'injustice, j'ai souhaité en présenter un aperçu dans cette page.

Sophie Gamelin-Lavois
5 juillet 2009.


p. 38 :
(la poussée dirigée) "Cela consiste à vouloir contrôler un acte initialement réflexe et involontaire. (réalité) Cette pratique est inutile car, il existe une poussée naturelle, spontanée et très efficace, même sous péridurale si celle-ci est bien dosée. Une poussée réflexe qui protège le périnée : celui-ci n'est pas forcé, mais s'ouvre "telle une écluse", selon le terme du docteur Bernadette de Gasquet."


J'ai écrit dans mon livre "Préparer son accouchement. Faire un projet de naissance" (éd. Jouvence, 2006 P.52-53 et rééd. 2009 p.67) au chapitre "poussée et réflexe" : "C’est la « poussée dirigée » enseignée dans les cours de préparation et pratiquée dans la plupart des maternités. Pourtant, il existe une respiration et une poussée involontaires et spontanées, parfaitement adaptées – même sous péridurale, à condition qu’elle soit bien dosée. Ce réflexe involontaire [voir la note référence à Michel Odent] protège le périnée, qui n’est pas forcé, mais s’ouvre « telle une écluse » selon le terme de Bernadette de Gasquet."


page 66 :
"La responsabilité est, en revanche, en partie transférée dès lors que les parents font appel à un moment ou à un autre à un professionnel de santé, par exemple s'ils passent un coup de téléphone à leur sage-femme en cours de travail. Ce qui revient à prendre, purement et simplement, celle-ci en otage si on lui spécifie, dans le même coup de fil, qu'elle ne doit surtout pas se déplacer. Le simple fait de prendre l'appel engage en effet la responsabilité professionnelle (civile) du soignant, qui se retrouve alors lié par un contrat de soins tacite envers la femme qui accouche. Seule alternative pour lui afin de transférer cette responsabilité : faire appel au Samu ou à la maternité la plus proche en vue d'un transfert."


Evidemment, les auteurs n'ont pas cru bon de mentionner leur source et se sont servi sans vergogne. Tout ce passage reprend plusieurs phrases d'articles que j'avais écrit sur le site projetdenaissance.com L'un d'eux, que j'avais posté sur la lettre et publié sur mon site, le 19 juin 2006, sous le titre "transfert insidieux de responsabilité" développait la notion de "prise d'otage". L'article était développé à partir d'un témoignage de naissance déjà en ligne que j'ai dû supprimer car l'auteur ne voulait plus aucune référence à son histoire sur Internet (elle-même ayant supprimé toutes ses pages personnelles). Un autre, titrait : "Dans quelle mesure la responsabilité médicale de l'accouchement revient aux parents et/ou au professionnels ?" (l'article a été enlevé du site début 2008 en vue d'une publication au sein du livre "Accompagner la future maman", sorti en mars 2009), et où j'abordais le statut juridique des doulas (EGN 2006 à Châteauroux). J'avais écrit :

"La responsabilité du parent lors d’un accouchement inopiné n’est pas limitée. En effet, la responsabilité est TOTALE dès lors qu’aucun professionnel n’est appelé (accouchement non-assisté médicalement par exemple - ANA). La responsabilité est par contre en partie transférée dès lors qu’ils (les parents) font appel à un moment ou à un autre à un professionnel de santé (sage-femme pour un accouchement à domicile par exemple).
 
Il convient de préciser que le fait de programmer un accouchement non-assisté et d’appeler un professionnel ensuite ne transfère pas la responsabilité pénale. En effet, même si aucun texte n’interdit à une femme d’accoucher seule, même si elle ne peut être accusée de pratique illicite ou de mise en danger de la vie d’autrui (son bébé n’étant pas encore né), cela ne défausse pas les parents de leur responsabilité en cas de complication (conséquences délétères, violences, homicide involontaire…) surtout si l’on peut retenir qu’ils ont fait prendre un risque à l’enfant (moment de l’appel, qui a été appelé, vrai accouchement inopiné ou non…).
 
Le fait d’appeler au téléphone (si la personne prend l’appel à l’autre bout) engage la responsabilité professionnelle (civile) du médecin, ou de la sage-femme. Il est alors lié par un contrat de soins tacite, comme je l’explique largement dans le livre « Préparer son accouchement. Le projet de naissance ».
Parce que le médecin n’est pas obligé de prendre en charge un malade, il peut, pour des raisons professionnelles ou personnelles, refuser de donner ses soins (article 47 du code de déontologie médicale). S’il se sent « pris en otage » d’une situation qu’il n’a pas choisi ou plus précisément en otage d’un contrat de soins qu’il ne veut/peut pas assumer (appel suite à un problème inopiné, par exemple un placenta non sorti lors d’un accouchement non assisté médicalement), il peut appeler le 15 ou la structure la plus proche en vue d’un transfert. Cela lui permet à lui de faire un transfert de responsabilité en référant à un confrère, une structure médicale (hôpital, clinique). Cette réaction s’explique en partie par le fait qu’en France la naissance est considérée comme mettant en danger la vie de la mère et de l’enfant..."


page 68 :
"Les maisons de naissance en France : une arlésienne vieille de dix ans".


"Maisons de naissance : l'Arlésienne !" est au départ le titre d'un article publié sur le blog du Ciane le jeudi 27 mars 2008 sous la plume de Madeleine Akrich, également publié le 31 mars sur la lettre-perinatalite. Même si les auteurs citent une phrase de l'article comme provenant du Ciane, elles oublient de préciser d'où vient ce titre, si bien que le lecteur peut croire qu'il est de leur invention.


page 111 :
"L'article D712-80 du Code de la santé publique précise que la mère et l'enfant bénéficient d'une surveillance prolongée dans les deux heures qui suivent la naissance."

Même si sur cette page (111) mon nom est mentionné pour une citation, il faut croire que les auteurs n'ont pas eu connaissance de la publication du livre en 2006 ou qu'il est délibéré de leur part de recopier dans le texte ici et là, de mettre des guillemets à d'autres, afin de faire un ensemble cohérent pour masquer un plagiat... Cette phrase existe TELLE QUELLE dans le livre Préparer son accouchement... en page 70 de la version d'avril 2006 et n'a pas été changée en page 87 de la version de janvier 2009. Chaque détail du chapitre "Surveillance de 48 heures à l'hôpital" est ensuite repris point par point. Ce thème était au départ une page de la partie privée du site Périnatalité, enlevée aussi pour publication. Il faut savoir que les auteurs se sont abonnées à la partie privée pour "mener à bien leur enquête" et même si elles m'ont écrit "ne pas faire de différence avec le fait d'utiliser un ouvrage papier" il n'est nulle part fait mention de cette partie de mon site... que j'ai d'ailleurs supprimée suite à cette affaire (une nouvelle version est à l'étude).

En copiant des petits bouts de phrases ici et là, les auteurs en formulent de nouvelles. Démonstration en couleurs ...

page 73 :
"En fixant de manière administrative une date hypothétique d'accouchement, la déclaration de grossesse conditionne en effet l'obtention de la totalité des droits sociaux afférents à celle-ci."

page 73 note 93 :
"La déclaration de grossesse peut aussi être une preuve de votre état, utile à produire en cas de litige ultérieur sur votre lien de filiation avec l'enfant au moment de la déclaration de naissance (notamment en cas d'accouchement non assisté)
."

page "visites médicales" de la partie privée du site Périnatalité : "(la déclaration de grossesse sert) Prioritairement à informer les administrations de l'état de grossesse de l'assurée, à savoir la CAF et la Sécurité sociale. Secondairement, à fixer de manière administrative une date hypothétique d'accouchement, permettant à la future mère de bénéficier de congés à des dates précises selon le nombre d'enfants qu'elle porte et selon le nombre d'enfants qu'elle a déjà ou non. Enfin, la déclaration peut être une preuve de l'état de grossesse, médicalement constatée donc, en cas de litige ultérieur sur le lien de filiation avec l'enfant au moment de la déclaration de naissance (naissance non-assistée médicalement par exemple)."  +  page "la déclaration de grossesse" de la partie privée du site Périnatalité : "La déclaration de grossesse est importante. En effet, elle conditionne l'obtention de tous les droits sociaux afférents à celle-ci : sécurité sociale, droit du travail et allocations, notamment la prime à la naissance de la Prestation d'Accueil du Jeune Enfant, octroyée sous condition de ressources."

Sur cette page 73 on trouve également une information sur les 3 certificats médicaux de l'enfant qui, selon les auteurs, conditionnent le maintient des ressources CAF. Or cela vient d'une page non actualisée de la partie privée du site. La mise à jour a été faite en 2006 sur la partie publique mais les auteurs n'ont apparemment pris le temps ni de lire ni de vérifier leurs sources.

Quand je m'étonnais déjà, à l'époque où Mme Piraud-Rouet écrivait son livre, de son intérêt pour la partie privée du site Périnatalité, elle m'avait répondu qu'elle ne voyait pas de différence entre utiliser une source publiée (livre) et la partie privée du site pour s'y appuyer / faire son enquête. Certains journalistes ont des méthodes d'investigation pour le moins surprenantes. Entre faire une enquête et un plagiat il y a de la marge.

Se servir du travail des autres est une drôle de méthode pour écrire un livre ! Je suis un peu dégoutée que l'investissement et l'énergie de personnes bénévoles investies dans des associations depuis des années et qui ont mis leur travail en ligne ou l'ont partagé sur Internet soit ainsi pompé dans des années de militantisme ou de travail de fond sur des sujets brûlants.

Là où Mme Piraud-Rouet m'avait reproché un "intérêt financier" (!) (J'en reste sur mon séant !) (Et comme elle le sait, tout travail mérite salaire puisqu'elle encaisse ses droits d'auteur) je lui reproche de ne pas avoir su écrire elle-même ce qu'elle voulait transmettre. Elle a confondu "s'appuyer sur" et recopier des sources. Je dénonce principalement ces méthodes douteuses et malhonnêtes.

Mais c'est la loi de la jungle. Je suis consciente que cela existera toujours mais cela me mine quand même le moral. Donc j'arrête ici ma démonstration. Il y aurait d'autres points à lister (le livre est épais et balaye beaucoup d'aspects de la maternité) mais j'ai des choses plus constructives à faire de mon temps... Ce livre aura au moins le mérite de porter aux yeux du grand public des sujets d'importance et, pour qui voudra aller plus loin, des références pour le faire. J'espère que des personnes plus scrupuleuses seront également connues du grand public à l'avenir.
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