Le projet suivant est réel. Il a été présenté par Mme J. en 2005 à l’équipe médicale qui l’a accueillie à l’hôpital de sa région. Manuscrit, car écrit à la hâte, il était mal présenté : aucune aération dans le texte, difficile à relire et souligné avec insistance par endroits.
Cette retranscription, qui conserve les passages originaux soulignés par l’auteur, n’est donc pas la réplique exacte de la version manuscrite, sans compter que j’ai préféré corriger les fautes d’orthographe. Il est toutefois intéressant d’étudier ce projet car il montre « tout ce qu’il ne faut pas faire » de manière concentrée.
Contrat de naissance de Mme J.
Vu que mon souhait primordial de mettre bébé au monde à la maison ne peut se réaliser, j’aimerai malgré tout présenter ce contrat de naissance. Il peut être ou ne pas être signé du corps médical mais restera néanmoins valable d’après "l’arrêté Mercier" et l’article 32 du code de déontologie médicale.
Je demande à ce que soient respectés les différents points lors de mon accouchement sous réserve d’une éventuelle urgence que je demande à apprécier également.
* 1) je veux pouvoir sortir pour rentrer chez moi dès la première visite du médecin auprès du bébé (sauf problème grave).
* 2) je ne souhaite pas de déclenchement artificiel et propose un suivi au jour le jour avec un partage en conscience.
* 3) j’aimerai être accompagnée de la marraine du bébé en salle d’accouchement.
* 4) rester libre de mes faits et gestes à savoir déambuler, prendre les positions qui me viennent instinctivement (accroupie, à genoux, soutenue, un contact avec le sol sur une alèze ou un drap épais pour accueillir bébé.
* 5) j’aimerai n’entendre que la musique que j’aurais apportée. Pas de bruits intempestifs, pas de suggestions ou de directives, que les personnes présentes soient discrètes et le plus effacées possibles ne jetant 1 œil que de temps en temps pour constater le bon déroulement du travail (pour que mon néocortex soit le plus en veilleuse possible et qu’il laisse la place à mon cerveau primitif pour que se fassent au mieux les pulsions hormonales nécessaires à la progression naturelle sans montée d’adrénaline.
* 6) pas d’extraction instrumentale ou d’expression abdominale. Si un problème, genre dystocie des épaules, se présentait, d’abord tout faire pour que le néocortex se remette au repos... éventuellement une injection d’ocytocine synthétique...
* 7) pas d’acte médical intempestif tel que toucher vaginal, monitoring répété. Pas d’épisiotomie, ni de perf - cathéter à la limite.
* 8) de par ma religion, ne pas couper le cordon (voir attendre qu’il ne batte plus). Après la délivrance, vérification de son intégralité et sans hémorragie, le placenta est épongé et enveloppé dans un linge de coton avec du sel + un plastique et placé dans le berceau avec bébé. Le cordon sèche et se casse de lui-même (de 3 à 7 jours). Je veux m’occuper de tout cela.
* 9) dès la naissance je ne veux en aucun cas être séparée de bébé. Qu’il reste sur moi au chaud (méthode kangourou) je veux le laver le peser et l’habiller moi-même après qu’il ait pris le sein.
J’ai bien entendu les risques dont toute l’équipe m’a fait part à maintes reprises... Je les ai évalués et reste consciente des conséquences que cela pourrait éventuellement impliquer mais déclare être en possession de toutes mes facultés physiques, mentales et psychiques pour prendre les dispositions nécessaires (suivi du nourrisson à domicile par mon médecin (docteur C., fac de Paris Necker - enfants malades) la PMI et sage-femme libérale.
Je souhaite de tout cœur ne pas avoir trop perturbé votre service et garde confiance en la vie... Je maintiens ma position de privilégier mes montées d’ocytocine par opposition à l’adrénaline et espère que cette hormone de l’amour arrive jusqu’à vos cœurs à tous...
Gardez comme moi votre divin en vous...
Bien sincèrement,
Fait pour ce que de droit, le --/--/2005.
Signature de Mme J.
Epilogue relaté par Mme J. : « Voici tous les côtés négatifs où je n’ai pas été respectée et où mon « contrat » n’a servi à RIEN !
- table d’accouchement d’office (pas de choix quant aux positions)
- harcèlement du pédiatre, poussées parfois dirigées, discussions intrusives
- toucher vaginal et du périnée par l’élève sage-femme
- le placenta n’a pas été donné
- l’obstétricien a fait signer une décharge
- soins intempestifs au nouveau-né (aspiration, pesée etc. et mise en couveuse alors que bébé allait très bien). »
Mme J. voulait, suite à ce fiasco, intenter un procès à l’obstétricien pour ne pas avoir respecté son projet, avec pour demande réparatrice la possibilité d’exercer en tant que doula dans le service… Elle a finalement renoncé à cet ultime projet ! Après ça on ne s'étonnera pas que les projets de naissance aient mauvaise presse auprès de certains professionnels...
Tout ce qu'il ne faut pas faire dans un projet de naissance
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