Projet de Naissance

Projet de Naissance

Comment se préparer à une naissance respectée, avec Sophie Lavois, spécialiste des choix et droits en périnatalité depuis 1999.


Petit manuel de l'aad

Publié par Sophie Gamelin-Lavois sur 22 Avril 2009, 19:47pm

Catégories : #Récits de naissances


Petit manuel de l'accouchement à la maison
Léandre Bergeron (extrait : page 229 à 236)
vlb éditeur, Québec, Canada. ISBN 2-89005-159-5

Parce que c'est le couple qui "accouche", Francine et Léandre Bergeron ont mis Déirdre au monde dans la quiétude de leur chambre.

ROUYN, 2 - Le 6 août dernier, Mme Francine Bergeron aidée de son mari, Léandre, donnait naissance à Déirdre, jolie petite fille florissante de santé. L'accouchement a eu lieu au domicile des parents sans assistance médicale. C'est le père qui a agi en tant qu'accoucheur.

Mais comment en vient-on à choisir une telle forme d'accouchement? Si Déirdre est née à la maison sans autre intervention que celle de maman et papa, ce n'est pas l'effet du hasard, ni un accident. Ce fut un choix délibéré de ses parents. Francine et Léandre ont décidé d'avoir un enfant et de la façon la plus naturelle possible.

C'est au cours de la grossesse que cette idée de l'accouchement à la maison s'est imposée. A la base, pour Francine et Léandre, la médecine et tout ce qui l'entoure, l'hôpital, les médicaments, etc., c'est pour les malades. "Et je n'étais pas malade", de dire Francine, "au contraire, je me sentais en pleine forme. Tout au long de ma grossesse, j'ai accompli mon travail normal, j'ai fait beaucoup d'exercices." Avec ses deux voisines, qui ont d'ailleurs assisté à l'accouchement, elle faisait de longues marches quotidiennes.

Préparation

Au troisième mois de grossesse, lors de la visite médicale, Francine et Léandre ont évoqué la possibilité d'un accouchement à la maison avec l'assistance du médecin. Ce dernier n 'était pas en faveur d'une telle formule, pour plusieurs raisons: lui-même ne pratique pas d'accouchements à domicile. De plus, Francine qui en était à sa première grossesse à 35 ans, se trouvait dans la catégorie de femmes qui, selon les statistiques, ont des accouchements à risques élevés. Mais de l'avis même du médecin, Francine avait une grossesse tout ce qu'il y a de plus normal.

Ne pouvant compter sur un médecin, Francine et Léandre ont cherché une sage-­femme, ce qui s'avéra pratiquement impossible à trouver dans notre région. D'un commun accord, ils ont quand même décidé de maintenir leur choix. Léandre s'est occupé de faire venir une impressionnante documentation, surtout américaine, il faut dire. Avec Francine, il s'est préparé à son rôle d'accoucheur. C'est un véritable cours de sage-femme qu'ils se sont donnés.

Comme dit Léandre: "Je suis convaincu que c'est le rôle du père d'assister sa femme tout au long de la grossesse. Un enfant, ça se fait à deux. C'est le couple qui est enceint(e). Pourquoi l'homme devrait-il se désintéresser de ce qui se passe et laisser sa femme vivre seule ces mois si riches d'émotivité et de connaissances nouvelles? Si le conjoint a bien vécu la grossesse avec sa femme, pourquoi laisserait-il à un médecin le soin de mettre son enfant au monde? Je considérais que c'était ma responsabilité et je m'y suis préparé en conséquence. C'est important la vie".

L'accouchement

La période de travail a duré 24 heures, ce qui peut être considéré comme normal dans le cas de Francine. Le tout s'est déroulé dans le calme, la joie et l'espoir. Aucune intervention plus ou moins naturelle: pas de rasage, pas de lavement, pas de médicament, pas de jaquette blanche, pas d'environnement froid et impersonnel. "Seulement la présence d'un mari aimé et de trois femmes amies qui partageaient avec moi chacun des instants du travail", de dire Francine. "Cela a été très important pour moi de rester dans ma maison, dans mon univers familier. Cela renforçait l'idée que nous vivions un événement naturel qui s'inscrit dans le cours normal de la vie."

Tout au long du travail, Francine a circulé dans la maison sauf pour de brèves périodes de repos où elle-même avait décidé de s'étendre. Comme il faisait un temps magnifique, Francine est même allée prendre une marche à l'extérieur. Chaque contraction était minutée et notée afin de suivre la progression du travail. Francine s'est très légèrement alimentée; par contre elle a ingurgité beaucoup d'eau pour ne pas se déshydrater.

La dernière étape, qui a duré deux heures, a nécessité plus de concentration. Le rôle d'accoucheur est alors très important. Pour faciliter le travail des muscles qui permettent le passage du bébé, Léandre donnait de fréquents massages au niveau du périnée et de la vulve. Des compresses chaudes au niveau du coccyx ont beaucoup aidé. Par contre, Francine a constaté qu'il n'était pas nécessaire de lui dire comment respirer, de pousser ou de retenir les contractions. Le tout se faisait automatiquement, en étant simplement à l'écoute de son corps.

De l'avis des personnes présentes, il est pratiquement impossible de décrire le climat de joyeuse attente qui a présidé à cette naissance. Dès que la tête du bébé fut visible, tout le monde s'est dit: "Ça y est." Et effectivement la petite est venue au monde très vite. Une fois la tête passée, Déirdre semblait très pressée. Léandre l'a reçue dans ses mains et déposée sur le ventre de Francine. Un peu plus tard, elle a réclamé sa première tétée. Le père avait déjà coupé le cordon ombilical. Le placenta s'était évacué de lui-même très naturellement.

Pendant toute cette période, la confiance et l'amour que les conjoints se portent mutuellement sont très importants. C'est à ce moment que les vieux mythes sur l'accouchement dans la douleur peuvent revenir. D'ailleurs Francine précise que c'est à ce moment qu'elle fut le plus perméable à l'aspect douleur. Elle a un peu laissé échapper l'aspect jouissance physique et psychologique de mettre un enfant au monde.

Tout de suite après l'accouchement, c'était l'euphorie mais dans le calme et une sorte de recueillement. Chacun était respectueux de cette nouvelle vie et réalisait la beauté de ce qui venait de s'accomplir. En même temps, c'était une joie sans borne.

Est-ce que cette expérience de la naissance à la maison est réalisable par n 'importe quel couple? De l'avis de Léandre et de Francine, c'est possible. Il suffit que le couple le désire ainsi et y tienne. Naturellement, il faut se défaire de plusieurs mythes comme celui selon lequel la médecine doit présider à la naissance d'un enfant. Parfois c'est nécessaire, mais pas toujours.

Il faut aussi avoir fait un certain cheminement sur la définition des rôles du père et de la mère. Léandre est d'ailleurs précis à ce sujet. "Je considérais que c 'était ma responsabilité de participer à la naissance de notre enfant de cette façon et Francine partageait ma conviction." D'ailleurs, il se dessine tout un mouvement en faveur de l'accouchement à la maison avec l'aide de la sage-femme. Que la sage-­femme soit le père sera peut-être l'étape suivante dans cette évolution.

L'accouchement de Francine et Léandre est un événement unique actuellement mais qui peut être vécu par d'autres. Une des amies présentes qui a de grands enfants a été tellement impressionnée qu'elle déclare: "C'est le genre d'accouchement que je désirerais pour ma fille, c'est dire comment tout peut bien se passer."

Francine et Léandre envisagent d'avoir d'autres enfants. Si Francine se révèle en aussi bonne santé, ce sera un accouchement à la maison. "Si possible, dit-elle, j'aimerais qu'il soit encore plus orienté vers la joie et la jouissance qui se rattachent à la naissance."

Cet article est paru dans La Frontière, hebdomadaire d'Abitibi, le 9 septembre 1981, et est signé par Julianne Pilon. J'ai envoyé une copie de cet article au ministre des Affaires Sociales, Monsieur Pierre-Marc Johnson (.......)

Léandre Bergeron
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