La sage-femme m'a dit que je n'avais pas le droit de refuser une perfusion, est-ce vrai ?
La question de la responsabilité d'un professionnel de santé existe dès lors qu'il a décidé d'accompagner, de soigner, de prendre en charge (par exemple lorsque des parents accouchent à domicile avec une sage-femme libérale, c'est bien la sage-femme qui est "responsable", aux yeux de la loi, de la santé de la mère et de l'enfant...). La responsabilité ne repose donc pas sur le refus d'un acte médical !
Ensuite, même si un patient accepte une relation autoritaire, il n'en reste pas moins que la loi, telle qu'énoncée dans le code de la santé publique (art. L1111-4), lui permet de refuser un acte médical. Cela participe de la relation de soins qui s'établit entre médecin et patient : les deux sont libres de s'engager ou non sur une base librement consentie, c'est ce qu'on appelle le contrat de soins. Ce contrat existe tacitement, c'est à dire qu'il existe même sans que la femme ait fait un projet de naissance ! (Mais en faire un clarifie les choses pour les deux parties).
Il faut bien faire la différence entre un acte posé systématiquement sans même l'accord préalable du patient, et une situation d'urgence... C'est là qu'il existe un manque d'information important. Car un professionnel qui va dans le sens du refus du patient (pas de perfusion) peut se voir méprisé par sa hiérarchie pour cause de manquement aux règles du service. Mais ce n'est une faute médicale ! (en effet la perfusion est bien un acte préventif) Il convient donc de mettre en lumière ce problème afin que les futures mères ne soient pas prises en otages entre des règles de fonctionnement et leurs propres demandes. Le chantage relationnel fait le lit de beaucoup de problèmes quand on y regarde de plus près...
Un professionnel sérieux devrait proposer aux mères qui ne souhaitent pas de perfusion la pose d'une voie veineuse : alternative facile pour avoir l'accès à une veine tout en laissant le cathéter bouché (donc pas de perfusion d'eau glucosée, d'hormone de synthèse ou d'antibiotiques...) ; alternative permettant à la femme de se mouvoir en toute liberté... Mais voilà, une femme qui bouge n'est plus gérée par des machines ou sous le contrôle et la gestion horaire du service... Voilà ce qui au fond dérange le plus. Il est donc dommage que les mères se sentent gênées de demander autre chose ou qu'elles se sentent coupables de déranger les professionnels, dont c'est pourtant le travail d'être là, d'accompagner, de donner de bonnes informations, de mettre en forme les conditions optimales pour un accouchement respecté, de respecter la santé de la femme et de l'enfant, etc.
J'espère avoir apporté un peu de lumière sur ce problème (qui revient bien souvent !)