Lu en 2004 sur le site Famili www.famili.fr
(Cet article n’est plus en ligne sur le site référent)
En Angleterre, les futures mamans rédigent un birth plan ou projet de naissance. Et accouchent selon leurs envies. En France, les essais sont plus que timides.
Une lumière tamisée, la possibilité de marcher pendant le travail, pas de monitoring en continu, ni d’épisiotomie systématique… Une naissance la plus naturelle possible, donc. C’était la requête de cette future maman qui s’est présentée il y a dix-huit mois au centre hospitalier d’Aurillac (Cantal), enceinte de son deuxième enfant. Au grand étonnement de l’intéressée, qui s’apprêtait à batailler pour obtenir ce qu’elle désirait, le Dr Patrice Mille, chef de service du département gynécologie-obstétrique, accepte quasi immédiatement sa demande, sous réserve de certaines conditions. En l’occurrence, la détermination préalable du groupe sanguin de la future maman, la pose d’un cathéter dans l’avant-bras au cas où une perfusion serait nécessaire en cours de travail et le monitoring en discontinu (à l’arrivée à la maternité puis toutes les deux à trois heures) pour vérifier que le bébé supporte bien les contractions. Depuis, une douzaine de couples ont fait la même démarche et ont obtenu de l’équipe médicale un accouchement «à la carte».
Une exception, la maternité d’Aurillac? Une initiative marginale en tout cas. Renseignement pris, deux expériences similaires ont été conduites, l’une en Lorraine et l’autre dans le Calvados. «Tout ce qui est nouveau bouscule habitudes et routine, commente le Dr Patrice Mille. Surprise, gêne, sourires… chez nous, les réactions de l’équipe ont été mitigées au début. En fait, cela nous a permis de nous remettre en question et c’est une bonne chose.»
Un véritable contrat de confiance
Au fond, il ne s’agit que d’un peu d’humanisation dans l’univers de l’hôpital devenu trop froid et technique! Les couples qui font cette démarche se présentent en début de grossesse avec un projet d’accouchement dûment rédigé. Après discussion, un véritable contrat de confiance s’établit entre les futurs parents et l’équipe médicale: chaque partie signe un document et s’engage, sauf urgence, à respecter ce qui est écrit. «On s’adapte à la demande de chaque patiente en veillant à ce que ce soit compatible avec la sécurité», souligne le médecin. Est-ce un hasard? Tous les accouchements menés de cette façon se sont déroulés sans aucune anicroche.
Qu’est-ce qui pourrait empêcher la généralisation de cette pratique?
D’abord, il faudrait davantage de sages-femmes et de médecins dans les maternités. Des accouchements personnalisés exigent de la disponibilité et de l’écoute de la part du personnel médical. Or, en France, actuellement, le manque de moyens et d’effectifs est chronique!
D’un autre côté, c’est aussi aux futurs parents de faire bouger les choses. «Ils doivent prendre conscience de ce qu’ils désirent réellement pour pouvoir plus facilement imposer leur point de vue, insiste le Dr Patrice Mille. Pour cela, il faut se renseigner, assister aux réunions de préparation à la naissance, dialoguer avec la sage-femme... Car entre la façon dont on imagine la naissance de son bébé et la réalité, il y a un fossé." Savoir ce que l'on veut, s'exprimer librement sans avoir peur d'être jugé pour ne pas se retrouver dans une position de dépendance vis-à-vis de l'équipe médicale, c'est important. Et c'est plutôt bénéfique, non?
Une équipe à l'écoute
Parmi les demandes acceptées au centre hospitalier d’Aurillac: une équipe réduite au chevet de la patiente, sans allées et venues intempestives, le choix de la position pendant l’accouchement (accroupie, à quatre pattes, assise, allongée sur le côté…) et la possibilité de marcher pour faire descendre le bébé plus vite. Pas d’examens ni de gestes médicaux systématiques (rasage du pubis, sondage urinaire pendant le travail, touchers vaginaux répétés, épisiotomie...). Après la naissance, et si la maman désire nourrir son bébé au sein, on ne lui donne pas de biberon de complément sans en parler au préalable avec elle...