C'est très mignon ce petit sac (en tissu bio) qui dit recto : "Accroupie, à 4 pattes, à genoux, sur le côté" et verso : "JAMAIS sur le dos ! J'accouche comme je veux !" Mais si c'est réellement "comme je veux" alors pourquoi "jamais" sur le dos ? Parce qu'à trop être en réaction de rejet, on se ferme à des possibles qui peuvent être positifs dans certains cas de figure. J'ai juste envie de m'arrêter sur cet état de choses quelques minutes.
Oui, on sait que la position "sur le dos" n'est pas la meilleure à plein d'égards, SURTOUT si c'est une position imposée, SURTOUT si elle l'est pendant des heures, ET qu'elle est corrélée à d'autres protocoles médicaux et médicamenteux. De là à ce qu'on oblige les femmes à accoucher d'une certaine manière, "pour leur bien et celui de leur enfant", on ne sort toujours pas de la logique imposée aux femmes !
La tendance à vouloir gérer les choses, les intellectualiser et les imposer, même "au naturel", dire "ça, ce n'est pas bien" et "ça, c'est mieux", vouloir imposer une vision normative, me donne envie de poser la question de fond : "A quand la LIBERTE ?
La position "sur le dos" a principalement été imposée aux femmes par les obstétriciens, va-t-on se laisser embarquer dans le courant inverse en laissant des sages-femmes imposer une position plus verticale (ou en tous cas interdire celle "sur le dos"), comme si chaque corporation induisait "son" propre type de position d'accouchement ? L'objectif de la naissance respectée devrait consister à ne pas imposer une norme - qui n'est qu'un outil permettant d'établir des règles et des lois - parce que la naissance ne peut s'y laisser enfermer.
La norme/mode actuelle devient "accoucher sur le côté", comme si proposer l'accouchement sur le dos OU sur le côté revenait à "avoir le choix" de la position ! Il arrive que des femmes accouchent sur le dos, malgré une totale liberté de mouvement. Ce n'est pas pour autant qu'elles ne sont pas à l'écoute de leurs sensations. On ne contrôle pas tout, a fortiori quand on accouche ! À chacune sa façon. Elles sont toutes bien, du moment qu'elles nous conviennent ; autant de femmes autant de possibilités, c'est juste ça, ouvrir les possibles vers davantage d'écoute et de choix.
La mode du "sur le côté façon De Gasquet" est donc très en vogue. On verra d'ailleurs probablement cette appellation "position de Gasquet" dans les livres de formation dans les prochaines années... Mais n'est-il pas surprenant qu'une femme se voit refuser la position "sur le côté" parce que le professionnel qui l'accompagne n'a pas "fait la formation" ? Faut-il que la technique et les savoirs viennent toujours supplanter (suppléer) les sensations ou les demandes de la femme ? Quid des paramètres (si importants) de la position du bébé (appui sur le pubis par exemple), l'ouverture du col, la fatigue musculaire dans les jambes et tant d'autres, qui participent au choix de la position de la mère ?
La différence "sur le dos choisi chez soi" avec "sur le dos imposé à l'hôpital" est que dans le premier cas c'est un matelas qui a capacité à "s'enfoncer", dans le deuxième cas c'est une table avec une mince épaisseur de mousse qui ne s'adapte pas à l'arrondi du dos ! Donc les conditions même du "sur le dos" ne sont pas identiques. Ce d'autant plus que chez elle la femme a probablement bougé, essayé, tâtonné avant de choisir "sur le dos" contrairement à l'hôpital où, en général, c'est "sur le dos" pendant des heures. Enfin il y a de multiples déclinaisons au "sur le dos" : du totalement allongée à semi-assise, et enfin "sur le dos" ne veut pas dire "position fermée", la position des jambes et l'angle d'ouverture comptent aussi. Bref, autant de détails qui font la différence.
Bien souvent dans les maternités il est laissé une liberté à la femme pendant le travail (voir le poster : positions for labouring out of bed ou les posters : positions pour faciliter...). Mais quand vient le moment de la poussée, la position "sur le dos" est imposée, c'est cela qui est dommageable. Ce n'est pas envers la position sur le dos qu'il faut dire "jamais" mais sur le fait qu'elle soit imposée, ce qui change tout. La meilleure position est celle où la femme se sent le mieux, que ce soit durant le travail ou la poussée. Il est important que toute femme s'écoute dans l'ouverture, la sensation, et le mouvement au-delà de toute idée figée ou dogmatisme.
Sophie Gamelin
07/08/2012.